Valentine Franc, catalogue du 65e Salon de Montrouge, 2021


Dans Supplément à la vie de Barbara Loden, Nathalie Léger rapporte des propos tenus par Delphine Seyrig sur le tournage d’India Song : « Les actrices font ce qu’on demande à toutes les femmes de faire1. »

Nous n’avons jamais parlé, avec Valentine Franc, des formes de narration cousues dans l’étoffe du sensible par Marguerite Duras, ni de l’entremêlement des plans et des litanies dites ; des notes égrenées par son cinéma à nul autre pareil. Il n’empêche. À travers cette évocation de Duras-Seyrig-Loden en poupées gigognes, nous sommes au cœur de thématiques et de figures travaillées par cette cinéphile revendiquée : les représentations des femmes au cinéma telles qu’elles ont été construites par Hollywood ; une réflexion sur les formes possibles d’un female gaze (« regard féminin »), en référence au male gaze conceptualisé par Laura Mulvey dans Visual Pleasure and Narrative Cinema (1975) ; les errances et suspensions faisant coexister différentes réalités, certaines rêvées, sans que l’on ne sache jamais à quel instant les glissements de l’une à l’autre se font ; l’évocation d’un ailleurs, géographique ou temporel.

Dans ses films Die Tagträume (2017) et Winter Sonata (2017), les identités des personnages, souvent tourmentés, semblent elles-mêmes fluctuantes. En remettant en cause toute approche unidimensionnelle du récit au profit de lentes envolées vers le fantomal, Valentine Franc dilate le temps et ouvre à d’autres histoires. Après avoir exploré la faune et la flore thaïlandaise dans Nature Sauvage (2018) et revisité le principe des shōjos, ces mangas à succès destinés aux jeunes filles, dans Hatsukoi (2019), elle réalise actuellement un film inspiré du phénomène de starification à outrance dans la K-pop, la pop coréenne.

1. Nathalie Léger, Supplément à la vie de Barbara Loden, Folio Gallimard, 2013, p. 64

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Valentine Franc


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