Hans-Walter Müller, M3000 Project


Conçue par Hans-Walter Müller, M3000 Project est une architecture-sculpture qui invite à expérimenter de l’intérieur la géométrie d’une sphère gonflée, pénétrable et habitable. Surélevé par une structure tubulaire, traversé de part en part par un escalier droit en acier laqué rouge menant au ciel, le volume sphérique se divise en trois niveaux intérieurs dédiés à un espace de vie, un espace de nuit et un espace de bain. L’œuvre, qui joue de l’articulation de formes géométriques simples et semble défier la pesanteur, a été pensée en hommage à Kandinsky et au constructivisme russe. Elle renvoie également à une vision rêvée de la Villa Malaparte, notamment à l’escalier ascensionnel extérieur, mythique, de l’imposant parallélépipède de maçonnerie rouge érigé par Adalberto Libera dans le golfe de Salerne.

Ce projet inédit relève de l’« Architecture de l’air » à laquelle Hans-Walter Müller a consacré sa vie. En 1975, dans un texte manifeste, l’architecte allemand, établit en France depuis 1963, énumère les raisons de cet art dont il explore aujourd’hui encore les potentialités. Dans la mouvance cinétique, porté par l’ambition de penser un environnement total adapté à « une nouvelle conception de la vie », il réalise ses premiers gonflables habitables dans les années soixante « parce qu’ils conduisent à un autre monde », « montrent la direction à prendre » et actent de « la rencontre entre les humains et l’espace ». Ceux-ci incarnent une architecture vivante, qui respire et fait respirer, et dont la légèreté et la transparence des parois instaurent une continuité avec l’extérieur. Si d’autres pionniers, à l’instar de Frei Otto et Buckminster Fuller, ont réfléchi aux structures gonflables et à leurs qualités (par exemple en termes de mobilité), Müller est le seul à avoir poursuivi dans cette voie, à rebours des fondamentaux de l’architecture traditionnelle. Lui-même vit toujours dans le volume qu’il s’est construit en 1971, sur le terrain d’un aérodrome en Essonne.

In : Artpress, Cahier Fiac Hors les murs, Num. 449, nov. 2017

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