Communiqué de presse – Mathieu Mercier


Espace pour l’art, Arles, mai 2015


Du 2 au 28 mai 2015, la galerie Espace pour l’art à Arles présente un ensemble de plusieurs œuvres de Mathieu Mercier (né en 1970), issues d’une série débutée en 2012 dans le cadre d’une résidence.

Dans cette série réalisée à l’aide d’un scanner particulièrement performant, différents éléments – poussière, terre, fleur, pâte à modeler, etc. – ont été mis à plat à même la vitre de l’appareil de reproduction. L’outil a pris au piège son propre fond, lequel forme à la fois le contexte de l’œuvre et le révélateur de son processus de réalisation. Formats, perspectives, lumière : les réflexes traditionnels de l’analyse picturale ne sont pas loin, d’autant que les objets reproduits, sciemment choisis pour leurs liens avec de grands motifs de l’histoire de l’art, renvoient pêle-mêle aux genres de la nature morte et de la vanité, à la figuration et à l’abstraction.

Les œuvres présentées à l’Espace pour l’art forment un ensemble au sein de cette série. Chacune confronte ainsi sur un même plan un spécimen végétal et une ou deux lamelles d’un nuancier dont les gradations de teintes visibles correspondent à celles des pétales, voire de la tige et des pétales du végétal. Si elles évoquent spontanément la constitution d’un herbier numérique – soit un exercice relevant tant du loisir amateur que de la discipline scientifique –, c’est un herbier au service duquel on aurait usé du pantonier en guise de repères chromatiques – soit un outil familier de l’artiste comme du bricoleur. Le tout semble relever d’une entreprise personnelle d’indexation d’une flore champêtre relativement banale sous nos latitudes, mettant à profit un système de normalisation et de classement des couleurs à prétention universelle. Comme souvent chez l’artiste français, l’énigme au fondement de la situation dialectique qui est en jeu est celle de la définition du réel et des images construites pour tenter de le saisir.

Le travail de Mathieu Mercier, lauréat du prix Duchamp en 2003, est orienté par la capacité finale de l’œuvre d’art à concilier en une forme plusieurs niveaux de lecture, et par une réflexion sur le sens qui peut surgir du décalage entre un objet, ce que l’individu en perçoit et les pensées qui en résultent. Prélever dans le réel comme dans une « matériauthèque », le classer et le mesurer de diverses manières en une expérience permanente, sont autant de traits d’une pratique portée par l’idée que toute relation aux objets s’effectue sur différents registres d’ordre symbolique. À travers une opération d’enregistrement basée sur un processus mécanique, les œuvres de cette série révèlent par ailleurs un rapport sensuel au monde souvent occulté dans la compréhension du travail de l’artiste.  

Mathieu Mercier


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